30 Octobre 2018
La presse s'est faite l'écho d'un mouvement de grogne face à l'augmentation des taxes sur l'essence qui serait responsable de la hausse du prix des carburants.
Ca sera sans moi !
Tout d'abord, plusieurs éléments créent le malaise :
- ce mouvement soit-disant apolitique est récupéré par tous les populistes que l'on peut trouver,
- ceux qui relaient le mouvement mélangent allègrement les fake news, en protestant par exemple contre la hausse du prix du timbre (qui achète encore des timbres) ou des cantines scolaires,
- la hausse du prix de l'essence, du gazole, du fioul est pour l'essentiel due à la hausse du cours du pétrole (Brent et WTI),
- la baisse de l'euro face au dollar s'y ajoute puisqu'on achète les barils en dollar. Il est assez risible de constater que les premiers à protester sont les mêmes qui dénonçaient l'euro fort qui "pénalisait nos exportations". Eh oui, quand l'euro baisse, c'est bon pour les exportations, ça renchérit les importations... y compris le pétrole.
- L'Etat perçoit 152Mds de TVA et 75 Mds d'IRPP. L'Etat ne s'enrichit pas grâce à la hausse du carburant, ou à la marge.
Une aggravation du déficit commercial dû au solde énergétique
La plus grande partie du déficit commercial de la France est causé par les importations de pétrole et de produits dérivés, alors qu'ils ne constituent qu'une part minime des échanges extérieurs.
Plus problématique, une augmentation du cours du Brent entraine mécaniquement une hausse du déficit énergétique. On le voit ci-dessous dans le tableau "Solde extérieur" où ce déficit qui était de 38Mds en 2014, était descendu à 22Mds en 2016.
Or, les exportations de vins, de blé, ou de véhicules de transports ne couvrent qu'une partie de ce déficit énergétique.
Un pays dépendant du pétrole a donc intérêt à limiter le plus possible les importations de pétrole pour limiter l'aggravation du déficit commercial.
Demander la diminution des taxes sur les produits pétroliers aggraverait considérablement le déficit commercial puisqu'il n'inciterait pas les Français à changer leur mode de chauffage, à isoler leur logement, à préférer les véhicules propres... Ca serait non seulement dommageable pour la préservation de notre cadre de vie, mais totalement irresponsable en ce qui concerne le commerce extérieur et l'économie française.
Ce n'est pas au moment où l'économie française repart grâce à la politique de François Hollande qu'il faut la fragiliser par des mesures démagogiques.
Nos concitoyens vivant en zone rurale sont les premiers touchés par la hausse des carburants, mais face au populisme, nos concitoyens ont besoin d'un discours de vérité qui ne flatte pas les instincts, et de mesures efficaces pour favoriser des moyens de transports plus propres et moins coûteux pour tous.