16 Septembre 2019
C'est une dame presque nonagénaire qui habite Segré. Elle est discrète et ne souhaite pas se mettre en valeur. Toute sa vie, elle l'a mise au service des autres, tout comme son mari, responsable syndical segréen, et pourtant, vous ne trouverez rien de sa vie sur Internet.
c'est la personnalité de Segré la plus émouvante et intense que j'ai rencontrée.
Il y a quelques années, elle a souhaité me rencontrer et m'a invité pour me remettre ses archives de Segré : mai 68, élections, plusieurs cartons racontant l'histoire de ce territoire.
Puis, elle s'est mise à parler de la Résistance. Ses parents et son frère étaient membres d'un réseau. A 14 ans, elle balançait par dessus les clôtures des tracts le soir, la peur au ventre. Puis lorsqu'elle évoqua un jeune résistant bien connu dans le Segréen, elle raconta qu'il passa chez ses parents. Pendant plus d'une heure, ceux-ci le supplièrent de se cacher. Il attendait les résultats du bac. Le soir même il fût arrêté. Plus de 70 ans après, des larmes coulaient sur ses joues.
Cette dame, c'est l'histoire de Segré, c'est l'honneur de Segré, l'honneur de ceux peu nombreux qui ont su dire non au nazisme, l'honneur de ceux qui ont risqué leur vie pour notre liberté.
Elle formula une dernière demande : qu'un hommage soit rendu à un jeune Segréen mort pour la France pour faits de Résistance et que son nom soit inscrit sur le monument aux morts.
Il s'appelait Henri Peluau, il est né à Segré en 1923 et est mort fusillé près de Poitiers en 1943. Une rue porte son nom à Angers.